02. Illusion (Maya)

02. Illusion (Maya)

Lorsque l'on accepte de commencer le jeu en tant que joueur, la conscience de l'unité se perd dans l'obsession, la fascination pour le jeu. Cette prise de conscience est le plaisir du jeu. L'Un devient multiple pour jouer à cache-cache cosmique avec lui-même. Pour se satisfaire, il conçoit son jeu et se consacre à y jouer afin de découvrir finalement les règles intégrées dans le jeu.

Un est la réalité, la multiplicité est l'illusion. Cette illusion de multiplicité est créée par la force voilante de l'Un. Cette force voilante crée l'illusion du moi et du mien, ou du toi et du tien, ce qui cause l'ignorance de la conscience individuelle. Ceux qui prennent conscience de cette ignorance l'appellent Avidya (a = non, vidya = connaissance) qui signifie « absence de connaissance ». C'est pourquoi les yogis appellent également maya avidya. Cette ignorance accède à l'homme par la pensée, c'est pourquoi la méthode pratique du yoga vise à arrêter le flux des pensées. En maîtrisant la pensée, on tente de faire taire le dialogue intérieur et ainsi de réaliser sa vraie nature qui dépasse l'illusion du moi et du mien.

Ce monde de noms et de formes est maya. Maya est la scène et le théâtre où l'homme joue sa tragédie comique microcosmique. Maya est le jeu lui-même qui confronte l'homme à des situations et des événements, formant des clés subtiles pour comprendre sa véritable nature.

Cette illusion peut être reconnue à tous les niveaux. Le corps humain n'est pas une unité, mais se compose d'un nombre incalculable de cellules qui doivent travailler ensemble pour une bonne santé. Si chaque cellule développait un sentiment de moi et de mien, chaque corps humain deviendrait un sous-continent à part entière. C'est l'individu (ahamkara) qui crée des formes d'existence séparées, mais cela en soi est maya. Le moi ne peut fonctionner sans l'esprit et l'esprit ne peut fonctionner sans les sens. Ce n'est qu'une fois que le mental occupe une position subordonnée que le sentiment de moi et de mien peut disparaître. Par le yoga, cet état peut être atteint et notre illusion d'être une unité indépendante peut prendre fin. Par l'expérience directe de la réalité dans un état de samadhi, la vérité peut être comprise, Maya Shakti peut être reconnue et le drame humain peut être observé comme un jeu divin.

Maya Shakti est la force qui cause l'évolution de ce monde, et cela est rendu possible par l'interaction des trois gunas : sattva (équilibre), rajas (dynamique, positif) et tamas (passif, négatif). La seule tâche à laquelle le joueur est confronté est de se rendre compte qu'il joue et que le sentiment de séparation qu'il éprouve est imaginaire. Tout ce que le joueur perçoit avec ses sens existe en lui-même sous forme d'input sensoriel et est une illusion. Les sciences modernes qui tentent de percer la vérité confirment cette idée. Tant l'ancienne sagesse que la science moderne partent d'une substance originelle à laquelle toutes les formes de matière peuvent être réduites. Tous les phénomènes existants sont simplement une des nombreuses manifestations différentes de la même unité sous-jacente, cette substance unique. La diversité de nos expériences est due aux différentes combinaisons d'atomes de matière, dans lesquelles l'énergie originelle prend forme. Cette diversité est une illusion et cette illusion est causée par la force voilante de la Conscience Suprême. Tout ce qu'un homme perçoit existe en lui-même. On naît pour jouer le jeu, pour apprendre à distinguer le subtil dans le grossier. Le jeu consiste à atteindre l'unité et à mettre fin à la dualité.

Le nombre deux signifie dualité, illusion. Deux survient lorsque un se répète. Deux est Maya parce que les deux étaient présents dans l'Un. Ces deux sont le monde intérieur et le monde extérieur, le non-manifesté et le manifesté, Shiva et Shakti, le masculin et le féminin, le soleil et la lune, le grossier et le subtil, l'Absolu et Maya, la chose et son apparence. C'est pourquoi deux est le nombre de Maya. Deux est un nombre pair et, comme tous les nombres pairs, il appartient à la famille de la lune et est associé à l'énergie de la lune.

Illusion

The game unfolds, we lose the light divine,
One splits to many, in this cosmic design.

A veil descends, a grand illusion's play,
Hiding the truth, leading us astray.

"Me" and "mine" appear, a mind's confusing maze,
Ignorance takes hold, in a world of countless days.

The names and the forms, a stage for joy and strife,
Holding clues to truth, within this fleeting life.